samedi 17 juillet 2010

Le Malimail, juillet 2010



Qu’est-ce que l’Association Malikanu a fait l’année passée avec vos dons ?
Dans ce Malimail spécial, nous vous informons sur le côté financier des projets. Ainsi vous pourrez lire que votre argent - d’après nous – a été bien utilisé.
En général, nous sommes très contents des activités et des résultats de l’année. La coopération avec nos partenaires au Mali a été très positive. À chaque fois, nous sommes agréablement surpris de voir comment les donateurs, en France et aux Pays-Bas, sont impliqués et généreux.


LE MICRO CRÉDIT À BAMAKO

Nous avons soutenu à Bamako un projet qui donne un « coup de pouce » aux femmes pour qu’elles déploient une activité qui leur permette de gagner leur vie. Il s’agit d’une aide en forme de micro crédit : les femmes peuvent emprunter une certaine somme qu’elles remboursent (partiellement) au bout d’un certain temps.
Dans le quartier de Sikoroni, un groupe de dix-sept femmes a été accepté. Elles ont toutes démarré leur propre projet. Elles sont accompagnées par Dramane qui s’occupe aussi des cours d’alphabétisation.

Les femmes ont pu développer leur boutique ou leur petit commerce. Elles remboursent chaque mois leur crédit, quelques-unes avec du retard. L’une d’elles est tombée gravement malade et une autre a eu un enfant malade, raison pour laquelle elles ne pouvaient plus participer. À noter qu’il était difficile pour les femmes de suivre les cours d’alphabétisation régulièrement. La raison : beaucoup de travail et de soucis avec les enfants. Mais elles ne sont peut-être pas trop motivées pour apprendre à lire et à écrire ? Probablement, il nous faudrait une autre approche.

À Bamako, le premier projet est terminé, il s’est bien passé mais il y aura quand même des changements la prochaine fois. Notre partenaire à Bamako, Mahamane, nous propose d’accueillir un groupe de femmes de la même profession. Ensemble, elles seront responsables du projet. C’est une formule traditionnelle en Afrique. Plus d’informations dans un prochain Malimail.

Ce plan nous a coûté 2000 € environ dont plus de la moitié sous forme de micro crédits. L’autre partie a été dépensée en sacs de riz pour que les femmes puissent investir l’argent dans leur petit commerce et non pas obligatoirement acheter de la nourriture.


LES ENFANTS À L’ÉCOLE

A Endé, deux cents enfants ont été à l’école avec les affaires de classe nécessaires, avec une dépense de 1200 €. L’argent a été collecté aux Pays-Bas et en France et utilisé directement à Endé pour l’achat des fournitures scolaires. Les parents ont été bien aidés avec cette action, ils étaient très reconnaissants.
Pour l’année prochaine, nous allons essayer de récolter de la même façon des dons pour ces enfants mais aussi pour ceux d’un quartier voisin.

Cet année, Wendela a donné des cours de couture à Bamako, et quelques filles ont fabriqué elles-mêmes deux cents cartables ! À la rentrée, les écoliers de Endé pourront y ranger leurs affaires.
Le coût des cartables a été de 450 €. Il y a eu deux effets : les filles ont gagné quelques sous et les écoliers auront leurs cartables. D’une pierre deux coups !


ENCEINTE ET QUAND MÊME À L’ÉCOLE

À Bandiagara, dix filles enceintes font partie du projet qui tente de les maintenir à l’école. Les filles enceintes perdent souvent le respect de leur famille et doivent de ce fait interrompre leurs études secondaires. Dans notre projet, le directeur de l’école a essayé par divers moyens de maintenir ou de restaurer le lien avec les parents pour pouvoir garder les jeunes filles à l’école.
Le projet continue mais nous avons remarqué que le contact avec les parents a été amélioré dès le début et toutes les filles sont restées à l’école. Trois d’entre elles ont fait une fausse-couche, les autres ont accouché entre-temps.

Les problèmes que connaissent ces jeunes mères célibataires sont - comme beaucoup de situations au Mali - surtout dus à une grande pauvreté. Tomber enceinte est souvent synonyme de quitter l’école, ne pas pouvoir travailler et du coup, ne rien avoir à manger. Avec un peu d’aide sous forme de nourriture pour toute la famille, on arrange déjà beaucoup les choses. Le directeur Timothée est par ailleurs très prudent et prend toutes les précautions pour que l’aide ne soit pas vue comme une récompense. Jusqu’à présent, le projet a coûté 1600 €.


APPRENDRE UN MÉTIER À BAMAKO

Il y a eu aussi l’installation d’un atelier de couture à Bamako. Les jeunes filles et les femmes peuvent y travailler de façon indépendante et fabriquer des articles pour la vente. Malikanu pourrait vendre une partie des affaires en Europe, mais elles cousent des vêtements pour leur propre usage et pour la vente locale. Surtout, les vêtements d’enfants manquent dans le quartier. Notre idée n’est absolument pas de faire manquer l’école aux jeunes filles mais pendant les vacances, elles peuvent gagner un peu d’argent et apprendre un métier, ce qui est indispensable pour leur avenir.

Dans le quartier de Sikoroni, on ne trouvait aucun endroit où se mettre ensemble à l’ombre. Une association amie a fait le nécessaire pour réaliser un petit parc, Malikanu s’est chargé d’une partie de l’aménagement.

Que faire d’un espace vert quand on est très pauvre ? Il s’agissait d’un terrain que la commune voulait vendre à des investisseurs. Le Centre d’écoute, l’organisme qui s’occupe des enfants de la rue, a voulu l’éviter et donner un caractère collectif à ce quartier. C’est bénéfique pour le bien-être des habitants.
Le petit parc donne aussi un peu de travail : quelqu’un s’occupe de l’entretenir et il y a un mini bar où l’on peut vendre de la limonade, du thé ou du Nescafé.
De plus, quel soulagement de pouvoir faire causette dans un parc vert, dans ce quartier où tout est sable et où il y a beaucoup d’ordures dans les rues…

BOGOLANS TRADITIONNELS

Nos partenaires à Endé, Amadou et Adama, proposent de relancer la fabrication traditionnelle des Bogolans : ce sont des pièces de tissu de 120x200 cm qui servent essentiellement de vêtements : une jupe-enveloppe et une chemise pour les femmes, un pantalon et une tunique pour les hommes, de couleur bleu profond.

Il faut acheter le coton, le filer puis tisser les toiles et les teindre avec de l’indigo. Après, il faut coudre les bandes ensemble et enfin on peut vendre ces bogolans magnifiques. Malikanu s’occupera des premiers investissements. C’est un plan magnifique qui se remboursera de lui-même, en principe.
Si tout va bien, le projet deviendra indépendant et les personnes qui y travailleront gagneront un peu d’argent. C’est sympathique que tout le monde, jeunes et vieux, hommes et femmes, participent au procédé de fabrication.

Traditionnellement, ce sont les femmes âgées qui filent, les hommes mûrs qui tissent, les jeunes hommes qui cousent et les femmes et les jeunes filles qui teignent. Ils peuvent utiliser les tissus pour eux-mêmes mais aussi les vendre directement. Nous pouvons les ramener en Europe et les vendre ici… Ils sont vraiment superbes !
Plus d’infos plus tard.


DE LA MUSIQUE DU MALI

Wendela a vite eu l’idée d’un enregistrement quand elle a entendu, dans un restaurant de Bamako, un groupe qui jouait une musique tellement chouette. Sa nièce Josja avait avec elle du bon matériel d’enregistrement, en résulte donc un super CD. Le groupe est composé de Julien Dembélé le chanteur-guitariste, Kalifa le balafonniste et Issa le percussionniste. Un balafon est un instrument qui ressemble à un xylophone avec des calebasses en dessous qui servent de caisse de résonance. Le percussionniste joue sur une grande calebasse.


ACHETEZ CE CD POUR SEULEMENT 10 EUROS

Nous vendons le CD ici ; les musiciens en ont aussi acheté au prix coûtant une bonne quantité qu’ils vendent eux-mêmes. Le gain est en grande partie pour le groupe avec une donation par CD pour Malikanu.
L’investissement venait de Wendela.
Nous en avons vendu déjà des dizaines. Quelqu’un l’a appelé « un CD agréable avec une vraie musique traditionnelle », un autre le trouvait « très swinguant » et avait de l’estime pour le talent de Julien qui arrive à faire une musique subtile d’une façon sobre. A écouter et voir sur www.youtube.com au nom de Julien Dembélé. C’est un chant sur ‘ l’aide’ en général et sur ‘Malikanu’ en particulier.
Le CD coûte 10 € + 1,50 € de frais d’envoi.
Vous pouvez le commander par e-mail : malikanu.wendela@gmail.com ou envoyer un chèque à l’ordre de : Association Malikanu, ou encore par virement sur le compte bancaire indiqué ci-dessous.

UN MOT DE REMERCIEMENT

Dans sa première année d’existence, Malikanu a pu réaliser tous ces projets grâce à vos dons. Nous, Wendela et les autres membres du bureau, avons été surpris de l’enthousiasme de tant de gens qui ont donné de l’argent de diverses manières et qui ont soutenu Wendela dans son œuvre au Mali.
Quelques personnes font des versements automatiques chaque mois, d’autres font des dons en une seule fois. Quelqu’un a donné beaucoup d’argent qui a servi à un programme spécial.
Nos partenaires au Mali sont aussi très concernés par le développement des projets et leur exécution. Ils n’en profitent pas eux-mêmes mais ils sont prêts à mettre en œuvre leur expérience et leur connaissance des circonstances locales pour que l’aide soit un succès !

Nous voulons vous remercier tous, de tout cœur, en espérant pouvoir transmettre à travers les malimails un peu de la gratitude des enfants et de leurs parents.

Malimail - Février 2010



L’automne passé, Wendela est retournée au Mali. Elle y a visité les projets qui ont démarré avec vos donations. Sa petite-nièce l’accompagnait pour tourner un film dont nous reparlerons, mais tout d’abord : comment vont les projets ?

À Bandiagara : pas de récompense pour les grossesses

Wendela : “ Timothée, le directeur de l’école qui dirige notre projet, a sélectionné dix jeunes filles. Elles sont enceintes et de ce fait, elles risquent de ne pas pouvoir terminer leurs études. Nous aidons Timothée à les maintenir à l’école. Nous allons voir les jeunes filles chez elles. Elles habitent dans de petits villages sur un plateau rocheux.
De petites maisons, de belles granges à grains, construites d’argile et de matériaux végétaux. Des poules et des chèvres y traînent. Il y a un coucher de soleil magnifique. Les enfants viennent à notre rencontre. Tout me paraît idyllique mais en même temps, je sais que les apparences sont trompeuses.

C’est une vie dure. Les habitants sont des agriculteurs. Le mil est cultivé dans des champs de petite surface. À l’endroit où pendant la saison des pluies coulent de petits ruisseaux, un barrage a été construit. Après la saison des cultures, il y reste un peu d’eau. Les agriculteurs y font donc pousser des oignons et des tomates. Tout cela est très laborieux et toute la famille y travaille. Le résultat n’est pas génial. Dans des paniers qu’elles portent sur la tête, les femmes apportent leur maigre récolte au marché.

Après une longue journée d’école, les filles ont encore beaucoup à faire à la maison. Aller chercher de l’eau et laver le linge fait partie de leurs occupations quotidiennes. Souvent, il n’y a plus de temps pour les devoirs ; après le coucher de soleil, il fait noir partout.

La plupart des parents ne sont pas très ouverts lors de notre première visite. La grossesse de leurs filles est une affaire pénible. Il est difficile de marier les jeunes filles qui ont des bébés et de plus, ils se font du souci pour nourrir une bouche de plus !

Timothée prend tout son temps pour expliquer le projet aux parents. Il insiste sur le fait que, pour toute la famille, il est important que la jeune fille reste à l’école. Cela nécessite la coopération des parents.

Quelques jours plus tard a lieu la cérémonie d’ouverture du projet. Les dix jeunes filles sont présentes. Quelques unes sont visiblement enceintes, chez d’autres on ne remarque rien ou presque, et deux d’entre elles ont déjà accouché. Il y a aussi des parents, surtout des pères. Comme toujours en Afrique, il y a beaucoup de discours.

Chaque famille reçoit un grand sac de mil et de riz, une boite de lait en poudre et du savon. Elle reçoit aussi une enveloppe de 5000 CFA (7.50€) pour acheter de la viande et du poisson. 2500 CFA sont versés directement à l’école comme participation des parents. Cela doit être suffisant pour garder les jeunes filles à l’école. Il faut évidemment qu’il soit clair pour ces adolescentes qu’elles n’ont pas gagné un prix grâce à leur grossesse. Timothée le leur rappelle souvent. Elles sont dans une situation très pénible et c’est pour cela qu’elles reçoivent un soutien.

L’ambiance est meilleure après la cérémonie. Il est clair que les parents sont soulagés grâce à cette aide venue des Pays-Bas et de la France. Ils sont émus parce que loin de chez eux, il y a des gens qui s’engagent pour l’intérêt de leurs enfants.
Quand je reviens trois semaines plus tard, l’accueil est très chaleureux.
Les parents prennent le temps de nous raconter avec fierté qu’ils feront tout pour soutenir leurs filles. Entre-temps, l’une des jeunes filles a accouché. Jamais je n’ai tenu un si petit bébé dans mes bras. Un petit garçon, né avant celui-là, est mort du paludisme.”

Endé : fête sous les étoiles et tube au néon

L’année passée à Endé, avec l’action “Tous à l’école”, nous avons financé une partie des affaires scolaires des enfants. Le matin qui suit mon arrivée, je prends le petit déjeuner avec Amadou : des beignets traditionnels avec le Nescafé. Après, nous allons voir d’abord les Vieux du village comme le veut la tradition. Où que j’aille, je suis reçue partout avec respect. Quand j’arrive, les gens dans la rue me serrent la main et me remercient.
En Europe, on a du mal à s’imaginer l’importance de cette action. Les gens d’ici sont vraiment reconnaissants et le montrent bien.
Je suis intimidée car je réalise combien nos projets sont simples mais malgré tout efficaces. Il est clair qu’il y a plus d’enfants à l’école qu’auparavant.
Il nous restait un peu d’argent du projet, nous avons donc acheté deux
tableaux pour l’école.

Le soir après mon arrivée à Endé, il y a une fête de bienvenue. Tôt dans la soirée, les tambours préviennent les villageois. Sur une place du village, on installe déjà une batterie avec un long câble et un tube au néon.
Quand les tambours commencent, les gens se mettent tout de suite à danser, le plus souvent en groupe du même sexe et du même âge. Bien sûr, il y a un rigolo qui veut m’entraîner sur la piste de danse, mais je trouve que je dois d’abord m’exercer un peu. La façon de danser est tellement différente : rythmée, rapide et quand même retenue. Il n’y a que des tambours et ça suffit. Les danseurs tapent avec leurs pieds nus sur le sol, la poussière monte haut, tout cela sous un magnifique ciel étoilé. Le tube au néon n’a aucune chance. Quand la musique s’arrête, tout le monde s’en va. Qu’on dort bien sur le toit, sous les étoiles.”

Micro crédit avec cérémonie

Le projet à Bamako prévoit un soutien aux femmes qui veulent démarrer une petite entreprise. Au début, l’aide consistait en nourriture, mais il est apparu que les femmes avaient plus besoin d’un micro crédit. Néanmoins, le sac de mil et de riz continue à faire partie des subventions. Nous faisons cela pour éviter que les femmes aient à dépenser de l’argent pour les repas.
Les femmes décident elles-même comment dépenser le montant de ce crédit. L’une veut acheter une machine à coudre, l’autre veut échanger son commerce ambulant (des grands plateaux sur la tête) pour une petite boutique de chaussures. Une troisième veut agrandir son petit magasin. Je constate que les femmes sont très motivées. En fait, elles ne doivent pas rembourser la totalité de l’emprunt. Lors d’un projet précédent, dans lequel Malikanu n’était pas encore impliqué, le remboursement des dettes était une source de soucis. Pour cette raison, nous avons décidé que le dernier remboursement sera annulé. De cette façon, l’idée d’emprunt (au lieu de donation) reste intacte.

À nouveau, je participe à la cérémonie d’ouverture. On parle beaucoup, on explique et on pose beaucoup de questions en bambara, donc les grandes lignes sont traduites pour moi.
Les sacs de mil et de riz sont distribués, des photos sont prises, puis chaque femme reçoit une enveloppe et signe un contrat. De cette façon, elle s’engage officiellement dans le projet et est responsable du crédit. Toutes vont rembourser leur dette chaque mois. La cérémonie a été un moment vraiment spécial.”

Un documentaire sur les projets de Malikanu

Wendela était accompagnée de Josja, sa petite-nièce des Pays-Bas.
Celle-ci a filmé un documentaire sur les projets au Mali. Pour elle, c’est un objet
d’apprentissage et pour nous, une occasion unique pour obtenir des images.
Wendela et Josja ont visité les trois projets pour interviewer et filmer. Ainsi, Josja a filmé dans les villages du Pays Dogon chez les jeunes filles et leurs familles, l’école à Endé et le Centre d’écoute à Bamako.

Josja avait quelquefois du mal, avec sa grande caméra, à s’approcher de la pauvreté, mais tout le monde venait sans gêne devant la caméra pour parler. Elle a neuf heures d’enregistrement. Elle en tirera de toute façon un petit film pour le site Internet, mais aussi un plus long dans d’autres buts. Éventuellement, il y aura aussi un documentaire à montrer dans les écoles.
Plus d’informations dans les prochains Malimails !

Musique malienne

Dans un restaurant de Bamako, Wendela a rencontré un groupe de musiciens : un chanteur guitariste, un balafoniste (un balafon est un instrument qui ressemble à un xylophone en bois avec des calebasses en dessous comme caisse de résonance) et un percussionniste sur calebasse.

Cette musique était tellement agréable et de haut niveau qu’il a été décidé de l’enregistrer. Un CD va être gravé qui sera vendu aussi bien aux Pays-Bas qu’en France et au Mali. L’argent récolté sera surtout destiné aux musiciens, avec une petite donation pour Malikanu.
L’investissement n’était pas à la charge de Malikanu.
Dès qu’il sera prêt, le CD avec sa musique délicieuse pour tout le monde
sera à commander auprès de Wendela.