jeudi 18 septembre 2014

Le maraîchage pour l'école



Bamako, septembre 2014

Dans le village d’Endé dans le pays Dogon, au pied d'une falaise abrupte, les enfants aiment aller à l'école. De bonne humeur, ils parcourent quelques fois des kilomètres sur le sentier de sable. Il ne leur manque pas la motivation, mais bien plus l'argent pour les fournitures scolaires. Pendant la saison des pluies il y a à peine des revenus. Les vivres de l'année passée sont mangés et la nouvelle récolte aura lieu seulement en novembre. Épargner n'est pas possible. Surtout quand il y a beaucoup d'enfants dans une famille, les 7 € par enfant pour les fournitures sont difficiles à acquérir. Souvent les enfants restaient à la maison.

Pour la sixième année déjà l'association  Malikanu soutient les parents et leurs enfants. Nous achetons les cahiers et les stylos, les  parents s'occupent d'un petit sac à dos. Depuis des années c'est un grand succès parce que beaucoup plus qu'avant les enfants fréquentent l'école. L'éducation est quand même la meilleure façon pour combattre la pauvreté.
Les enfants qui vont à l'école ont une plus grande chance pour un meilleur revenu, avec lequel ils soutiendront de leur côté la grande famille. C'est ainsi que ça se passe en Afrique.

Le maraîchage pour plus de revenus.
Les dernières années, les familles à Endé ont travaillé dur au développement du maraîchage dans leur village. Plus qu'avant des salades, tomates, oignons, aubergines, patates douces et des concombres se vendent sur le marché. C'est un bon complément  sur leur  menu monotone et en plus un bon produit commercial. Les revenus extra qui en résultent sont plus que nécessaires, il y a presque plus de touristes qui visitent la région.

Après concertation de nos responsables de projet locaux, Amadou en Adama, cette année nous changeons l'action scolaire : Malikanu soutient le maraîchage pour que – à la longue - les familles puissent gagner assez pour payer l'école eux-mêmes. Qu'allons-nous faire? Nous investissons dans des clôtures pour éviter que les chèvres ne mangent les pousses. Ces animaux doivent manger aussi mais ils n'ont qu'à aller ailleurs.
Après il y a bien un puits mais il va falloir l'approfondir. Pour stocker l'eau du puits, il  y a besoin d'un réservoir. Ensuite nous fournissons du matériel pour travailler en commun le sol, comme des bêches et des pelles, mais aussi des brouettes et un hangar pour garder tout cela. La surface des jardins est actuellement d’un demi-hectare.
Le but est de défricher tant de terrain pour finalement cultiver deux hectares.

De cette  façon nous n'aidons pas seulement les enfants à l'école mais nous investissons aussi dans de nouvelles initiatives dans le développement économique et local.

Vous voulez contribuer au projet? Participez alors à notre action! Aidez  cette année aussi  tous les enfants à l'école et aidez le maraîchage à Endewo. Comme vous le savez : Malikanu investit chaque euro  donné complètement dans le projet. Comment pouvez-vous participer?

- vous pouvez faire un virement  sur : Crédit Agricole, Lézat IBAN: FR
7617106000762176409300068, en mentionnant Action Scolaire. Ou envoyer un chèque à l’ordre d’Association Malikanu à Wendela Engelhard, Soulère, 09130 Sieuras, ou à Isabelle Gil, Le Bourrut, 09130 Sainte-Suzanne. - vous pouvez devenir un  donateur régulier et verser chaque mois un montant fixe.  
Vous donnez donc aussi aux autres projets de  Malikanu. - vous pouvez distribuer cette lettre parmi vos amis et votre famille. - vous pouvez organiser dans votre propre école ou dans une du quartier une collecte.  Ou essayez d'être aussi créatives que les familles du  Dogon!

Nous vous remercions d'avance!

lundi 14 avril 2014

En voyage avec une fille et deux coqs.



Cette fois-ci, un malimail pas comme les autres : un récit de voyage. En raison de la longue
crise politique et militaire, je ne suis pas allée à Bandiagara ni à Endé depuis deux ans et demi.
La sécurité est à peu près revenue et, avec ma fille Rosanne qui est étudiante en médecine, je
prends le bus pour aller voir comment ça se passe. Cela devient un voyage incroyable, avec
deux coqs en souvenir.

Nous allons d’abord à Endé. Depuis des années il n’y a plus de touristes, donc une grande perte
de revenus. Je crains ce que nous allons voir. Amadou nous reçoit. Tout de suite nous faisons
un tour dans le quartier et saluons tous les amis et vieilles connaissances et surtout beaucoup
d’enfants. Nous nous promenons chacun avec un enfant à chaque doigt. Les parents crient :
Amagère ! Japo Japo ! Soyez les bienvenues, merci beaucoup !

Ils m’appellent la mère de tous les enfants. C’est agréable d’être de nouveau ici et surtout
cette fois-ci, parce que Rosanne m’accompagne.

À ma grande surprise, on a créé des jardins partout. Beaucoup de cultures d’oignons, mais
aussi des salades, des aubergines et des tomates. Partout on voit de petites parcelles
cultivées.
Il y a peu d’eau, mais en creusant des puits ou en faisant de petites digues après la saison des
pluies, l’eau reste disponible pendant quelques mois. Une clôture est indispensable sinon le
bétail se goinfrerait des jeunes plantes. On se débrouille avec des vieilles moustiquaires ou
avec des sacs. La crise a provoqué beaucoup de pauvreté et de misère, mais les gens sont
devenus inventifs aussi.

Nous passons une journée entière à visiter les aînés et le chef du village, les écoles et le
dispensaire où j'ai été volontaire il y a six ans. Ça fait du bien d'entendre que presque tous
les enfants vont à l’école depuis que - chaque année - Malikanu fournit ici des fournitures
scolaires aux écoliers. Résultat : l'école est pleine à craquer et, à Endé-Wo, on a construit un
petit bâtiment en banco afin d'héberger tous les enfants.

Le soir au clair de la lune, on danse spécialement pour notre arrivée au rythme des tambours.
On nous remercie cordialement ainsi que les nombreux donateurs en France et aux Pays-Bas.
En remerciement supplémentaire, nous recevons deux grands coqs.

Bandiagara.

Nous arrivons pleines de poussière et fatiguées chez Timothée à Bandiagara. Un repas festif
nous attend : une salade, des frites, des tomates, du pain frais et un délicieux poulet grillé.
Timothée a plein de choses à raconter sur ses projets et son travail.
À part nous, il y a aussi une des filles du projet qui loge chez lui. Une enf ant encore, de
quatorze ans à peu près. Elle est chez lui parce qu'elle doit rester près de l’hôpital. Elle vient
d'accoucher par césarienne d'un solide garçon. Elle vient de l'un des villages éloignés et sa
mère est avec elle. Le but est qu'elle retourne à l'école dès qu'elle sera rétablie. Quand la
fille a le soutien de la famille, normalement ça marche.

Presque toutes les filles qui ont participé au projet de Malikanu sont restées à l'école. Samba
a participé au premier groupe en 2009. Elle avait alors quatorze ans et avait eu son deuxième
bébé. De tout son cœur, elle avait promis que cela ne lui arriverait plus. Depuis, elle a obtenu
un diplôme d'infirmière de maternité/matrone et travaille à l’hôpital de Bandiagara. Timothée
est fier d'elle.

Nous constatons que, au bout de cinq ans, beaucoup moins de filles tombent enceintes malgré
elles, cela grâce à l'engagement énorme de Timothée qui veut qu'on puisse toujours parler de
ça. Avec entre autre le soutien matériel de Malikanu, nous appuyons ce projet. Un grand
succès ! D'ailleurs la baisse du tourisme a son côté positif : beaucoup de jeunes
guides/vendeurs de souvenirs en scooter - les pères potentiels - sont partis.

Nous visitons un centre médical dans un village voisin. La sage-femme elle-même est malade et
un infirmier à peine formé est le docteur. Il travaille néanmoins avec beaucoup d'expérience
et d'enthousiasme.
Il nous fait une visite guidée complète. Tout est rangé et assez propre, autant que faire se peut dans un environnement aussi poussiéreux. Les femmes du village peuvent y accoucher, il y a une salle de soins, un programme de vaccinations et des consultations pour les enfants sous-alimentés.
Son devoir est de soigner ce qui est dans ses possibilités et sinon, de transporter aussi vite que possible le patient à l’hôpital de Bandiagara. Maintenant, il doit partir pour visiter encore un malade. Rosanne, formée dans un hôpital français, ouvre de grands yeux !

Dans le village, qui compte près de mille habitants et se trouve dans une vallée ouverte et
ventée sur un sol rocailleux, nous rendons visite à une fille qui n'est plus enceinte mais qui va
quand même participer au projet de Bandiagara. Timothée nous a déjà parlé d'elle. C'est un
homme assez émotif et il a du mal à retenir ses larmes quand il parle de sa vie à elle.
Fatoumata Tapily habite avec sa mère et deux petits enfants dans ce village. Le père est
décédé. Quand Fatoumata était petite, elle a été enfouie sous le toit du hangar et a perdu sa
jambe gauche.
Récemment elle est tombée enceinte et a été sélectionnée pour le projet de
Timothée. Elle était d'ailleurs malheureuse avec cette grossesse. Finalement elle a fait une
fausse-couche, mais en raison de sa situation spéciale, elle va quand même participer au
projet.

Nous sommes reçues près d'une petite maison dans une petite cour. Dans un coin se trouve ce
qui a été un jour un vélo pour handicapé. La mère est une belle femme mais les soucis mettent
de l'ombre sur sa beauté. Fatoumata marche avec une béquille. D'abord elle est très timide,
mais après elle parle de l'école et dit combien elle se sent souvent seule, quand tous les
enfants jouent et qu'elle est assise au bord de la cour. Sa maman doit tout faire toute seule :
cultiver des plantes, aller au marché et les vendre, faire le ménage, ce qui fait beaucoup de
travail ici parce qu'il n'y a pas d'eau courante ni du gaz.

Timothée connaît dans ce village plusieurs familles qui ont participé ou participent encore au
projet. C’est encourageant de voir qu'elles se portent bien.
Finalement, nous quittons Bandiagara et Endé, de nouveau avec des sacs pleins d'affaires que
nous avons reçues ou achetées : différentes statues, des tissus et de la poterie. Et le carton
avec les deux gros coqs. En Afrique, tout le monde voyage avec des animaux : sur le toit d'un
minibus, il y a de la place pour 25 chèvres, des centaines de poules sur les côtés et deux
moutons sur une moto. Donc, nous pouvons facilement emporter nos deux coqs, non ?
Le bus part à cinq heures du matin. En cachette, car en fait ce n'est pas permis, nous amenons
les coqs dans le bus. Le conseil, c'est de ne pas leur donner à boire sinon ils meurent. Les coqs
se trouvent dans l'allée du milieu, près de la climatisation. Tout se passe bien parce que tant
qu'il fait nuit, ils dorment. Pourvu qu'ils ne se mettent pas à chanter, sinon ils se révèlent
d'eux-mêmes.

Le jour se lève, les coqs sont incroyablement tranquilles, ils ne sont quand-même pas ... non,
non, ils bougent quand je secoue la boite. Un voyage de dix heures nous attend et il va faire
très chaud. Nous avons mis notre espoir dans la climatisation. Après un grand nuage de
poussière, il y a un mouvement dans la grille et une bonne quantité d'air chaud en sort. Et puis,
encore plus d'air chaud.

En cachette j'avance en peu le carton, loin de cette désagréable entrée d'air brûlant. Je
commence à m'inquiéter. Que faire s'ils sont à demi morts ? Demander au chauffeur de
s’arrêter pour un abattage d'urgence ? Est-ce que quelqu'un a un couteau sur lui ? Y a-t-il un
vétérinaire dans le bus ? Entre-temps, c'est clair que la clim ne marche pas et ne marchera
jamais. Nous contrôlons de plus en plus souvent par les trous d'air du carton si les coqs sont
encore vivants. Je n'ose pas enlever les rubans de scotch parce que je crains qu'ils
s'échappent. Rosanne a chaud aussi, qu'elle se débrouille, tant que les coqs n’abandonnent pas.
Et il fait de plus en plus chaud, le soleil est au zénith et nos coqs commencent à dégager une
forte odeur.

Rosanne propose d'ouvrir le carton pendant la pause-pipi et puis, au cas où ils seraient morts,
de laisser le carton au bord de la route. Je serais terriblement gênée. Un coq ici n'est pas ce
qu'il est en Europe, juste un bon poulet à rôtir. Ces coqs nous ont été offerts par les aînés du
village de Endé en remerciement pour les activités de Malikanu. Ils ont choisi leurs plus belles
bêtes. Et puis, j'en ai bien besoin sur mon terrain à Bamako comme reproducteurs.
Nous regardons dans le carton : ils ne sont pas morts mais encore bien vivants ! Le voyage se
poursuit, nous les contrôlons toutes les dix minutes, ils ont l'air de s'affaiblir.
Puis je laisse tomber...on ne peut rien faire d’autre.

Quand nous entrons dans Bamako, ils sentent terriblement mauvais et je ne veux plus y
toucher. Mais une fois sortis du bus, ils ont l'air d'être encore en vie. Finalement, à la maison,
le plus en forme secoue ses ailes, se gonfle et - malgré la ficelle autour de ses pattes - essaie
de s'en aller fièrement. L'autre récupère doucement du voyage, et nous aussi !

dimanche 5 janvier 2014

Nous vous souhaitons une nouvelle année en toute sécurité et en bonne santé !

La cour de Wendela à Binabougou, Bamako.

La santé et la sécurité sont bien sûr primordiales, que ce soit aux Pays-Bas, en France ou au Mali. L’année passée, la sécurité était encore préoccupante au Mali. Nous espérons que cela va se dissiper cette année. Cela étant, Wendela est toujours présente sur le terrain.

Malikanu a apporté sa « petite pierre à l’édifice » en ce qui concerne la santé, le bien-être et l’éducation, en soutenant notamment :
- l’inscription à l’école de 220 enfants à Endé
- 20 micro-crédits attribués à des femmes de Bamako
- le nouveau projet de formation à la citoyenneté pour les jeunes à Bamako.

Cette année nous continuerons, grâce à votre soutien.

Cordialement,
Wendela et Isabel

jeudi 5 septembre 2013

Action à l'école, Endé 2012


Malimail
Action “Tous à l'école !”
Bamako/Bergen, août 2013

Chaque année : deux cents enfants à l'école.

Depuis cinq ans déjà, Malikanu aide les enfants de Ende-Wo à la rentrée en leur
remettant un sac avec des fournitures scolaires de base. C'est important parce
que l'école commence juste avant la nouvelle récolte, dans la période où les
parents n'ont presque plus de réserves. En conséquence, avant, les enfants
n'allaient pas à l'école ou alors, beaucoup trop tard.

Ces dernières années, nous avons réussi à faire rentrer à chaque fois les deux
cents enfants au bon moment. L'instituteur de français, qui travaillait comme
volontaire, reçoit depuis deux ans un petit soutien de Malikanu.
Tout cela n’aurait pas été possible sans votre aide. Nous vous en remercions.
Bien évidemment, nous continuons cette année cette action importante.
Les petits reçoivent une ardoise avec des craies et une petite éponge.
Nota bene : une ardoise est beaucoup moins chère que du papier !
Les plus grands reçoivent des cahiers et des stylos, des crayons, une gomme et
une règle. Et plus tard peut-être, des fournitures pour les maths, comme un
triangle géométrique et un compas.

Les sacs sont cousus à Sikoroni (Bamako) par les filles auxquelles Wendela a
appris la couture dans son programme d'activités. D'une pierre deux coups!
Concrètement, cela coûte à peu près 7,00 euros par enfant. Pour deux cents
enfants, nous avons alors besoin de 1400 euros au minimum, mais nous espérons
recevoir cette année un extra, de façon à soutenir l'école un peu plus. Il y a
notamment un grand manque de matériel pédagogique.

Une bonne idée serait de faire connaître cette action auprès d'une école que
vous connaissez. Peut-être les écoliers auront-ils envie de faire quelque chose
pour l'école de Ende-wo?

N'hésitez pas à prendre contact avec nous pour plus d'informations et de
matériel.

Par rapport à ce projet, vous trouverez sur Youtube une petite vidéo
intéressante. Elle a été faite par Josja Zadelhoff en 2009 et donne une bonne
image du village, des habitants et de l'école.
http://youtu.be/DQlPCl1zYuw

Sans votre aide, pas de Malikanu, Malikanu existe depuis presque cinq ans.
L'association a, en moyenne, un chiffre d'affaire de dix mille euros environ par an.
La totalité est issue des versements des donateurs comme vous.
Cette somme est consacrée en totalité aux projets de Bamako, Bandiagara et
Endé.
Parfois, il nous reste un peu d'argent pour financier de petits projets en plus,
mais c'est toujours en collaboration avec nos trois responsables de projets.
Au Mali, la nécessité est énorme, les gens sont très pauvres mais aussi inventifs
et entreprenants. Le but de Malikanu est de stimuler cela, mais nous devons
quand même refuser régulièrement des demandes. C'est inévitable, alors nous
avons l'ambition de faire plus !

Bien sûr, cela sera possible seulement quand il y aura plus de donateurs. Nous
vous demandons donc deux choses :
– envoyez ce mail à votre liste d'adresses
et
– changez votre donation en virement mensuel ou trimestriel. Beaucoup de
personnes le font déjà.

Pour Malikanu, c'est très important car nous pouvons alors compter sur une
rentrée d'argent prévisible et, par suite, nous pouvons honorer des demandes de
projets que nous devons refuser actuellement, par précaution.
Pensez que chaque contribution – si petite soit-elle - a une grande importance
pour les gens au Mali. Ils en profitent directement. Nous le répétons ; “Rien ne
reste entre nos mains”.

D'ailleurs, nous avons prévu un petit cadeau du Mali pour tous les donateurs qui,
déjà dans le passé ou à partir de maintenant, font un virement fixe.

dimanche 17 mars 2013

Des nouvelles du Mali

Malimail, Bamako/Bergen, mars 2013.

Tout d'un coup, à cause de la crise, on parle chaque jour du Mali dans les journaux, mais les
problèmes n'ont pas commencé avec le coup d'état militaire de l'année passée. Depuis beaucoup
plus longtemps, le nord du Mali a été une région impossible à maîtriser où les islamistes et les
touaregs se disputaient le pouvoir. Depuis toujours, la corruption est un grand problème. Au
début, quelques-uns ici voyaient même dans le coup d'état le début possible d'une solution.
Rapidement, il est apparu comme un pas de plus vers la crise montante.

L'intervention française a été accueillie avec joie par la population. Les troupes françaises ont
très rapidement réussi à regagner sur les rebelles la région du désert, au nord. C'était de bonnes
nouvelles pour les gens des villes libérées. Pour autant, les problèmes au Mali ne sont pas résolus.
Les rebelles répondent aux combats avec des armes modernes. Ils n'ont pas subitement disparu,
pas plus que le malaise de la population locale du nord avec le gouvernement faible basé dans le
lointain Bamako. Fin juillet sont prévues des élections démocratiques pour élire le nouveau
président. Espérons que la démocratie, bien que faible, recevra une nouvelle impulsion.
Nous sommes convaincus que – justement dans ces conditions – une petite structure comme
Malikanu doit rester présente. La crise a poussé Mahamane à Bamako à lancer une toute nouvelle
initiative dont nous reparlerons plus loin. D'abord, les résultats des projets en cours.

À Endéwo, les Bogolans.
Au cours de la période passée, on a travaillé dur à Endéwo pour la création des bogolans. Ce sont
de gros tissus de coton, teints avec des teintures naturelles comme la terre, l'argile, le charbon
et les extraits de plantes. Au Mali, ils sont utilisés comme vêtement, literie ou rideaux. En
Europe, nous les utilisons plutôt comme dessus de lit décoratif ou comme tapisserie. Avec le
soutien de Malikanu, les femmes ont transformé des sacs entiers de petites boules de coton,
elles les ont filées puis elles ont tissé ces tissus magnifiques. Amadou lui-même a amené 19
bogolans à Bamako. Nous les ramènerons au printemps pour les vendre et le produit de la vente
sera évidemment pour les femmes d'Endéwo.

À Bandiagara.
À Bandiagara, le programme des mères adolescentes se poursuit normalement. Les filles des
années précédentes restent liées au projet. Le thème pour lequel nous nous investissons là-bas –
faire en sorte que les mères adolescentes puissent finir leur scolarité – devient ainsi de plus en
plus connu à l'école. Finalement, l'idée qu'il est important que les filles ne tombent pas enceinte
si jeunes fait son chemin. Timothée m'a appelée récemment, consterné, pour me raconter qu'une
des filles avait eu un accident avec son bébé. En récoltant des cacahuètes, son bébé sur le dos,
elle a été frappée de la foudre. Une cérémonie d'adieu pleine d'émotion a eu lieu avec ses
parents à l'école .

Pompe à eau à Bandiagara.
Jamila et Guus Brummel ont entrepris pour la troisième fois leur propre action pour le Mali.
Cette année, ils ont envoyé leurs voeux de Noël par e-mail, ainsi ils ont économisé 350 € qu'ils ont
donnés à Malikanu. Nous les avons investis dans une pompe à eau pour un village près de
Bandiagara. Les habitants de ce petit village vivent – à part la culture habituelle du millet et
l'élevage de quelques têtes de bétail - de la récolte d'oignons, de salade et de tomates. Ils
cultivent en coopérative. L'arrosage des champs prend beaucoup de temps et est très dur. La
pompe va permettre d'agrandir notablement la parcelle cultivée.

À Bamako.
À Bamako, le projet des microcrédits de 2012 arrive à sa fin. Les femmes qui participaient pour
la deuxième année au cours d'alphabétisation, et qui ont remboursé leur microcrédit pour la
deuxième fois, continuent maintenant en se suffisant à elles-mêmes. Les femmes qui ont
participé pendant une première année passent à la deuxième et nous complétons ce groupe avec
de nouvelles venues. Quelques femmes de l'année passée ne continueront pas car elles n'étaient
pas assez présentes au cours d'alphabétisation. La plupart des participantes ont investi leur
crédit dans un petit commerce de sous-vêtements, patates, médicaments, fruits ou charbon de
bois. Les emprunts des microcrédits ont été effectivement remboursés, ainsi nous pouvons
répondre à de nouvelles demandes. Pour les intéressés, un rapport du projet est disponible sur
demande.

Le nouveau projet : des jeunes prennent des responsabilités dans leur quartier.
Inspiré par la crise, Mahamane, notre responsable de projet à Sikoroni (Bamako), se fait fort
d'un changement de comportement des jeunes. Choqué par la corruption et le manque de
responsabilité de l'actuelle génération d'hommes politiques, il veut s'investir pour les jeunes. Il
veut leur inculquer un sentiment de responsabilité et de solidarité.
Mahamane a commencé par créer un CLAEF (Club d'action par et pour les enfants) dans les
écoles de 12 quartiers de Bamako. Il enseigne aux enfants du club, entre autres choses, leurs
droits et leurs devoirs. Il traite de choses pratiques comme l'initiative d'une journée
d'assainissement, de rangement et de ménage dans le quartier.

Ces enfants apportent leurs connaissances dans leurs classes et les partagent avec d'autres
enfants en donnant le bon exemple, en prenant des initiatives, en discutant. Chaque club adopte
aussi un orphelin. À chaque réunion, chacun donne un peu d'argent (quelques centimes), des
vêtements, des chaussures, etc. Il ne s'agit pas seulement d'aider mais surtout de leur donner
la notion d’entraide.

Mahamane est persuadé que – à long terme – seul un changement de mentalité pourra apporter
une vraie solution aux problèmes au Mali. Il s'engage profondément dans ce projet. Dans huit
quartiers, les CLAEF ont commencé à fonctionner, toujours en coopération avec des organisations
existantes. Il enseigne d'abord les moniteurs des jeunes locaux, puis les enfants. Comme il a
beaucoup d'expérience de ce travail et un rayonnement évident, il parvient toujours à capter
l'attention des enfants qui sont suspendus à ses lèvres.

Il n'y a pas beaucoup de frais : des cahiers et des stylos pour les enfants, une friandise et une
petite boisson, le remboursement des frais de Mahamane et des autres instructeurs.
Nous sommes très enthousiasmés par ce projet et nous nous chargeons de ces frais modestes
dans trois des quartiers. Bientôt, il y aura une vidéo sur YouTube avec des images filmées
pendant un cours, suivie d'une interview avec Mahamane.

Amicalement, la direction de Malikanu.

PS: Wendela Engelhard est restée tout l'hiver passé à Bamako. Elle est en contact direct avec
l'ambassade des Pays-Bas et elle prend les précautions nécessaires pour minimiser les risques, en
particulier les risques d'enlèvement.
Wendela : “ Je trouve qu'il est important, surtout maintenant, d'être ici aux côtés de nos
responsables de projet. Ma petite maison est à l’extérieur de la ville, dans un petit chemin sans
issue. Je n'y suis jamais seule et tout le monde fait très attention. Je me sens ici en sécurité.
Quand on est ici depuis longtemps et qu'on a assisté aux événements avec les autres, un lien se
crée. Des amis et des connaissances ont à endurer beaucoup plus que moi. À cause de la crise, ils
n'ont plus de travail ou leur famille habite dans le nord avec tous les risques que cela implique.
Pour eux, partir n'est pas du tout une option”.

dimanche 6 janvier 2013

Bonne Année 2013 !

Bamako/Sieuras/Bergen, décembre 2012

Chers adhérents,

Nous voulons vous remercier de tout coeur pour vos contributions à Malikanu en 2012.
Vous nous avez permis de continuer nos projets avec les femmes à Bamako, les mères
adolescentes à Bandiagara et les enfants à Endé-woh.

Vous avez aussi donné généreusement pour le projet d'aide alimentaire dans le pays
Dogon. Notre action a aidé beaucoup de familles à tenir jusqu’à la nouvelle récolte,
sans être obligées de vendre leur bétail.

L’année a été difficile au Mali. Le nord du pays est ravagé par la guerre civile et par le
terrorisme. Les projets de Malikanu ne se trouvent pas dans ce secteur, mais nous
sentons quand même l’inquiétude à Bamako. Notre évaluation, et celle de nos
responsables de projet sur place, montre qu’il est toujours sensé de continuer le
travail.

Il est précisément plus que jamais important de garder le contact et d’aider là où il le
faut. Nous continuerons notre travail l’année prochaine. Nous espérons que vous
continuerez à nous soutenir.

Amicalement,
Le Bureau de Malikanu

dimanche 9 septembre 2012

C’est la rentrée !


Chers amis et amies,
Comme en France, les enfants du Pays Dogon au Mali rentrent à l’école ce moisci.
Mais contrairement à la plupart des parents en France, ceux d’ici ne peuvent
pas payer les fournitures scolaires.

L’école à Endé est gratuite, mais les cahiers, les stylos, les crayons et un tshirt
de l’école sont à la charge des familles. Pour cette raison, Malikanu
soutient depuis quelques années les écoliers au début de l’année scolaire. Nous
achetons collectivement des cahiers et des crayons et nous les mettons
gratuitement à leur disposition. Les parents eux-mêmes achètent les t-shirts.
Cette année, par ailleurs, la situation est encore plus difficile qu’avant.

Non seulement la récolte a été décevante mais la situation politique au Mali entraîne
une montée importante des prix des aliments. Au printemps, cela a causé une
situation très pénible. Malikanu avait alors – exceptionnellement – décidé de
récolter de l’argent pour une aide alimentaire. C’était vraiment nécessaire et
grâce à votre participation, il a été possible de passer les mois d’été sans être
obligés de vendre le bétail et en pouvant acheter des semences pour la récolte
suivante.

Par cette lettre nous vous demandons, cette année encore, de faire une
donation pour l’action scolaire. Pour la première fois, cette année, Wendela se
rend au Mali en septembre. Elle pourra être présente elle-même à l’achat
collectif et à la distribution des fournitures. C’est une cérémonie
impressionnante dans laquelle les aînés du village ont un rôle important.

Chaque contribution est la bienvenue. À Endé les fournitures coûtent à peu
près 6 € par enfant. Il y a approximativement 280 écoliers. En octobre, nous
vous donnerons le rapport de Wendela sur la rentrée scolaire et la distribution
des cahiers à chaque enfant.