samedi 17 juillet 2010
Malimail - Février 2010
L’automne passé, Wendela est retournée au Mali. Elle y a visité les projets qui ont démarré avec vos donations. Sa petite-nièce l’accompagnait pour tourner un film dont nous reparlerons, mais tout d’abord : comment vont les projets ?
À Bandiagara : pas de récompense pour les grossesses
Wendela : “ Timothée, le directeur de l’école qui dirige notre projet, a sélectionné dix jeunes filles. Elles sont enceintes et de ce fait, elles risquent de ne pas pouvoir terminer leurs études. Nous aidons Timothée à les maintenir à l’école. Nous allons voir les jeunes filles chez elles. Elles habitent dans de petits villages sur un plateau rocheux.
De petites maisons, de belles granges à grains, construites d’argile et de matériaux végétaux. Des poules et des chèvres y traînent. Il y a un coucher de soleil magnifique. Les enfants viennent à notre rencontre. Tout me paraît idyllique mais en même temps, je sais que les apparences sont trompeuses.
C’est une vie dure. Les habitants sont des agriculteurs. Le mil est cultivé dans des champs de petite surface. À l’endroit où pendant la saison des pluies coulent de petits ruisseaux, un barrage a été construit. Après la saison des cultures, il y reste un peu d’eau. Les agriculteurs y font donc pousser des oignons et des tomates. Tout cela est très laborieux et toute la famille y travaille. Le résultat n’est pas génial. Dans des paniers qu’elles portent sur la tête, les femmes apportent leur maigre récolte au marché.
Après une longue journée d’école, les filles ont encore beaucoup à faire à la maison. Aller chercher de l’eau et laver le linge fait partie de leurs occupations quotidiennes. Souvent, il n’y a plus de temps pour les devoirs ; après le coucher de soleil, il fait noir partout.
La plupart des parents ne sont pas très ouverts lors de notre première visite. La grossesse de leurs filles est une affaire pénible. Il est difficile de marier les jeunes filles qui ont des bébés et de plus, ils se font du souci pour nourrir une bouche de plus !
Timothée prend tout son temps pour expliquer le projet aux parents. Il insiste sur le fait que, pour toute la famille, il est important que la jeune fille reste à l’école. Cela nécessite la coopération des parents.
Quelques jours plus tard a lieu la cérémonie d’ouverture du projet. Les dix jeunes filles sont présentes. Quelques unes sont visiblement enceintes, chez d’autres on ne remarque rien ou presque, et deux d’entre elles ont déjà accouché. Il y a aussi des parents, surtout des pères. Comme toujours en Afrique, il y a beaucoup de discours.
Chaque famille reçoit un grand sac de mil et de riz, une boite de lait en poudre et du savon. Elle reçoit aussi une enveloppe de 5000 CFA (7.50€) pour acheter de la viande et du poisson. 2500 CFA sont versés directement à l’école comme participation des parents. Cela doit être suffisant pour garder les jeunes filles à l’école. Il faut évidemment qu’il soit clair pour ces adolescentes qu’elles n’ont pas gagné un prix grâce à leur grossesse. Timothée le leur rappelle souvent. Elles sont dans une situation très pénible et c’est pour cela qu’elles reçoivent un soutien.
L’ambiance est meilleure après la cérémonie. Il est clair que les parents sont soulagés grâce à cette aide venue des Pays-Bas et de la France. Ils sont émus parce que loin de chez eux, il y a des gens qui s’engagent pour l’intérêt de leurs enfants.
Quand je reviens trois semaines plus tard, l’accueil est très chaleureux.
Les parents prennent le temps de nous raconter avec fierté qu’ils feront tout pour soutenir leurs filles. Entre-temps, l’une des jeunes filles a accouché. Jamais je n’ai tenu un si petit bébé dans mes bras. Un petit garçon, né avant celui-là, est mort du paludisme.”
Endé : fête sous les étoiles et tube au néon
L’année passée à Endé, avec l’action “Tous à l’école”, nous avons financé une partie des affaires scolaires des enfants. Le matin qui suit mon arrivée, je prends le petit déjeuner avec Amadou : des beignets traditionnels avec le Nescafé. Après, nous allons voir d’abord les Vieux du village comme le veut la tradition. Où que j’aille, je suis reçue partout avec respect. Quand j’arrive, les gens dans la rue me serrent la main et me remercient.
En Europe, on a du mal à s’imaginer l’importance de cette action. Les gens d’ici sont vraiment reconnaissants et le montrent bien.
Je suis intimidée car je réalise combien nos projets sont simples mais malgré tout efficaces. Il est clair qu’il y a plus d’enfants à l’école qu’auparavant.
Il nous restait un peu d’argent du projet, nous avons donc acheté deux
tableaux pour l’école.
Le soir après mon arrivée à Endé, il y a une fête de bienvenue. Tôt dans la soirée, les tambours préviennent les villageois. Sur une place du village, on installe déjà une batterie avec un long câble et un tube au néon.
Quand les tambours commencent, les gens se mettent tout de suite à danser, le plus souvent en groupe du même sexe et du même âge. Bien sûr, il y a un rigolo qui veut m’entraîner sur la piste de danse, mais je trouve que je dois d’abord m’exercer un peu. La façon de danser est tellement différente : rythmée, rapide et quand même retenue. Il n’y a que des tambours et ça suffit. Les danseurs tapent avec leurs pieds nus sur le sol, la poussière monte haut, tout cela sous un magnifique ciel étoilé. Le tube au néon n’a aucune chance. Quand la musique s’arrête, tout le monde s’en va. Qu’on dort bien sur le toit, sous les étoiles.”
Micro crédit avec cérémonie
Le projet à Bamako prévoit un soutien aux femmes qui veulent démarrer une petite entreprise. Au début, l’aide consistait en nourriture, mais il est apparu que les femmes avaient plus besoin d’un micro crédit. Néanmoins, le sac de mil et de riz continue à faire partie des subventions. Nous faisons cela pour éviter que les femmes aient à dépenser de l’argent pour les repas.
Les femmes décident elles-même comment dépenser le montant de ce crédit. L’une veut acheter une machine à coudre, l’autre veut échanger son commerce ambulant (des grands plateaux sur la tête) pour une petite boutique de chaussures. Une troisième veut agrandir son petit magasin. Je constate que les femmes sont très motivées. En fait, elles ne doivent pas rembourser la totalité de l’emprunt. Lors d’un projet précédent, dans lequel Malikanu n’était pas encore impliqué, le remboursement des dettes était une source de soucis. Pour cette raison, nous avons décidé que le dernier remboursement sera annulé. De cette façon, l’idée d’emprunt (au lieu de donation) reste intacte.
À nouveau, je participe à la cérémonie d’ouverture. On parle beaucoup, on explique et on pose beaucoup de questions en bambara, donc les grandes lignes sont traduites pour moi.
Les sacs de mil et de riz sont distribués, des photos sont prises, puis chaque femme reçoit une enveloppe et signe un contrat. De cette façon, elle s’engage officiellement dans le projet et est responsable du crédit. Toutes vont rembourser leur dette chaque mois. La cérémonie a été un moment vraiment spécial.”
Un documentaire sur les projets de Malikanu
Wendela était accompagnée de Josja, sa petite-nièce des Pays-Bas.
Celle-ci a filmé un documentaire sur les projets au Mali. Pour elle, c’est un objet
d’apprentissage et pour nous, une occasion unique pour obtenir des images.
Wendela et Josja ont visité les trois projets pour interviewer et filmer. Ainsi, Josja a filmé dans les villages du Pays Dogon chez les jeunes filles et leurs familles, l’école à Endé et le Centre d’écoute à Bamako.
Josja avait quelquefois du mal, avec sa grande caméra, à s’approcher de la pauvreté, mais tout le monde venait sans gêne devant la caméra pour parler. Elle a neuf heures d’enregistrement. Elle en tirera de toute façon un petit film pour le site Internet, mais aussi un plus long dans d’autres buts. Éventuellement, il y aura aussi un documentaire à montrer dans les écoles.
Plus d’informations dans les prochains Malimails !
Musique malienne
Dans un restaurant de Bamako, Wendela a rencontré un groupe de musiciens : un chanteur guitariste, un balafoniste (un balafon est un instrument qui ressemble à un xylophone en bois avec des calebasses en dessous comme caisse de résonance) et un percussionniste sur calebasse.
Cette musique était tellement agréable et de haut niveau qu’il a été décidé de l’enregistrer. Un CD va être gravé qui sera vendu aussi bien aux Pays-Bas qu’en France et au Mali. L’argent récolté sera surtout destiné aux musiciens, avec une petite donation pour Malikanu.
L’investissement n’était pas à la charge de Malikanu.
Dès qu’il sera prêt, le CD avec sa musique délicieuse pour tout le monde
sera à commander auprès de Wendela.
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