dimanche 8 juillet 2012

Crise au Mali


Bonjour à tous,

Le Mali traverse une vraie crise. Nos responsables de projet à Bamako, à Bandiagara et au pays Dogon se
font de sérieux soucis pour le futur, après l’occupation du nord par les rebelles, le coup d’état et le
désordre politique qui a suivi. Leur inquiétude ne concerne pas seulement la guerre civile et la politique, mais
aussi la carence en nourriture qui est due à la mauvaise récolte de l’année passée. De plus, à cause des
troubles, les prix ont doublé.
Amadou à Endé nous raconte : « En ce moment, le pays Dogon est confronté à des difficultés énormes. Tout d’abord, il y a le manque de nourriture, causé par les mauvaises conditions climatiques de l’année dernière.
Puis il y a des problèmes économiques, à cause de la situation incertaine du pays. Le pays Dogon dépend –
économiquement parlant - du tourisme et comme les touristes ne viennent pas maintenant, il nous manque
ces revenus ».

Les prix de la nourriture en hausse.
Mahamane, responsable du projet dans le quartier de Sikoroni à Bamako, ajoute : « Suite à la rébellion dans
le nord du pays et le coup politique à Bamako, la souffrance de la population de Bamako empire de jour en
jour. Les chefs de famille ont perdu leur travail et les prix du blé montent toujours plus. Jamais auparavant
un kilo de riz n’a coûté 500 CFA ou un kilo de maïs, 300 CFA ! De plus, beaucoup de familles ici dans le sud, à Bamako, ont accueilli des réfugiés du nord du Mali. Lentement, la crise socio-économique et alimentaire s’étend à tout le pays ! ».
Dans les régions campagnardes, les plus pauvres donc, comme dans le pays Dogon, le manque de nourriture
est devenu très inquiétant. C’est toujours le résultat d’une chaîne : une mauvaise récolte conduit à une
carence en nourriture et à la pauvreté, de sorte que les gens ne peuvent pas acheter de nouvelles semences
et doivent vendre leurs bêtes. Par suite, la prochaine récolte ne réussira pas non plus…

Manque de nourriture.
Amadou l’explique ainsi : « Il y a vraiment un manque de nourriture. La saison de pluie approche mais
quelques familles n’ont même plus de mil à semer. Une situation très précaire. Un autre problème : le prix du
mil a énormément monté. Normalement, un sac de 100 kilos coûte 12 500 CFA (18 euros) mais maintenant le prix a doublé et le sac coûte 25 000 CFA. Dans une région où la majeure partie de la population vit de
l’agriculture (et donc est pauvre), il est presque impossible, à ce prix, d’acheter des céréales ».
Comment réagissent les familles ? Amadou le raconte : « D’abord, nous mangeons moins par repas, et puis
nous sautons des repas. Il reste alors un petit déjeuner de bouillie de mil (sans sucre, mais en fait c’était
déjà comme ça avant) et le soir, un pudding épais de mil avec un peu de sauce. Nous vendons les animaux. Les moutons et les chèvres, mais aussi les zébus (un petit boeuf avec une bosse sur la nuque), alors que les
agriculteurs ont besoin de ces zébus pendant la saison des pluies pour travailler le sol ».
Wendela vient de revenir du Mali. Ces derniers mois, elle vivait dans une petite maison à Bamako, sur une
colline derrière le palais présidentiel. La nuit, elle entendait les coups de feu ; elle n’a pas vraiment eu peur
mais elle s’inquiétait beaucoup. Par peur des bandits et des voleurs, les magasins et les bureaux étaient
souvent fermés. Dans les rues, il y avait beaucoup de véhicules militaires et de soldats avec des
mitraillettes. De ce fait, l’ambiance dans la ville était tendue. Les gens étaient très mal informés, ce qui
entraînait des malentendus et de l’irritation.

Que peut faire Malikanu ?
Amadou connaît bien la situation locale. C’est toujours lui notre coordinateur du projet de l’école. À notre
question de savoir comment nous pouvons aider, il répond : « Le message que je veux transmettre aux gens
en France et aux Pays-Bas est que, en ce moment, l’aide directe à l’alimentation serait la meilleure réponse à
nos besoins. Quelques tonnes de mil pour les cinquante grandes familles à Endé-wo seraient vraiment le
meilleur soutien dans notre lutte contre la faim ».
Malikanu ne soutient normalement que des projets qui mènent à l’indépendance des personnes, mais son
point de vu est aussi que les responsables des projets sur place doivent indiquer quels sont les besoins
urgents. C’est ainsi que cette année, pour la première fois, ils nous demandent directement une aide
alimentaire. Nous pensons que Malikanu doit répondre à cette demande. Wendela : « Ma motivation la plus
importante pour créer Malikanu était de repousser l’inégalité dans le monde ! ».
Pour cette raison, la direction a décidé d’arranger exceptionnellement une aide alimentaire directe à Endéwo,
dans la vallée du Dogon. La sécurité pour Amadou et de ses collègues, une coordination et une
distribution honnêtes sont essentielles. Endé-wo est le village où, depuis trois ans déjà, nous aidons les
enfants à fréquenter l’école. Par conséquent, les presque 50 familles du village connaissent déjà Malikanu.
En ce moment, certains autres villages avoisinants sont également aidés par d’autres organisations.

Voici ce que nous allons faire :
·  Nous donnons à toutes les familles à Endé-wo un sac de 100 kilos de millet, partagé par rapport au
nombre d’enfants dans la famille.
·  Nous soutenons les familles d’agriculteurs en les aidant à acheter assez de semences pour l’année
prochaine.

Un montant de 2000 euros environ est nécessaire en première instance. Malikanu vous demande une
participation spéciale pour réaliser ce soutien. Le temps presse, nous investissons donc déjà ce montant sur
nos réserves.
Début juillet, nous vous transmettrons un compte-rendu dans le prochain Malimail. En septembre, nous
reviendrons avec l’action scolaire à Endé-wo. Surtout maintenant, il est important que les enfants continuent
d’aller à l’école.

Amicalement,
La direction

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